Et à contre pied du désert et de sa chaleur...
L'automne... Voici une saison qui n’est pas toujours appréciée à sa juste valeur. Elle dit les jours plus courts. Elle est parfois de pluie. Par la nuit croissante, elle nous donne de ruminer, d’avoir le sentiment de ne pas toujours avancer, d’être là uniquement pour ne savoir quoi faire. Elle nous rappelle nos morts, ceux qui nous sont proches et qui ont osé nous quitter. Elle nous annonce la fin de l’année… Elle n’a ni la renaissance du printemps, ni la beauté ensoleillée de l’été, ni la pure blancheur de l’hiver. Elle serait à fuir, se blottissant la tête sous l’oreiller, pour ne se réveiller que dans les joies de la neige et de Noël.
Et pourtant, si nous osions lui accorder un peu plus d’attention, elle deviendrait toute autre. Car elle est aussi luminescence, multipliant les couleurs, ensoleillant les forêts. Elle donne à la terre de se faire sentir, de laisser échapper, sous un brin de rosée, toutes ses odeurs d’humus, de champignons, tous les parfums qui jusque-là n’avaient pas osé être, comme dans une grande timidité. Elle nous donne de veiller au coin du feu lorsque la nuit vient trop vite et d’oser enfin nous poser un peu. Elle nous rappelle que nous aimons même ceux qui nous ont quittés. Elle peut même nous offrir de retrouver les joies de l’enfance, foulant les feuilles mortes, jouant avec elles, dans leurs couleurs et leurs bruits froissés.
Par ces mêmes feuilles, elle est porteuse d’espérance. Elle composte tranquillement pour faire naître la vie. Elle a cette très grande bonté de nous donner de ne pas oublier tout en préparant l’avenir. Oui, elle dit autant la vie que le printemps, simplement plus discrètement. Elle dit la vie, comme Théodore Monod, sans aller la chercher dans le désert. Nos déserts n’ont pas de saison…
L’automne est une invitation à la marche dans une profonde douceur de l’éveil et de l'écoute.
Anne Le Sonneur