Quelques coups répétés, des petites taches de noir, de blanc et de rouge, fugaces... et le pic épeiche progresse paisiblement le long du chêne dont le feuillage le protège des regards indiscrets.
Des herbes frôlées, à peine froissées... une grive musicienne, silencieuse, traque des insectes rêveurs.
Puis une plainte qui se dit, se murmure plutôt, à peine audible, celle d'un oiseau qui reste camouflé...
Et, comme en écho, le cri rauque du geai.
Les mésanges batifolent dans les arbres fruitiers, tandis qu'un pigeon roucoule.
Ici, il faut accepter de ne faire qu'entrapercevoir et tendre infiniment l'oreille ; sentir que l'un s'approche pendant qu'un autre s'éloigne ; puis se laisser bercer par le chant du pinson et, les yeux fermés, l'imaginer.
Et dans cette absence de vue, je ne résiste pas à l'envie de poser ici d'autres ailes, beaucoup plus silencieuses et presque moins farouches.
Anne Le Sonneur