Carnac, juillet 2007
Quel drôle de jour que celui-ci
porté par la pluie
porté par les larmes
comme les femmes en deuil
les enfants orphelins
ces derniers regards
un livre
qui s’effeuille
hésite
avant de s’effacer
se demande pourquoi
ne fallait-il pas, plutôt,
retracer
Est-ce que
tout soudain
l’Histoire voudrait murmurer
autre chose
à travers ce ciel
qui ne cesse
de pleurer
comme
l’incompréhension
des pages
être
témoigner
témoigner enfin
témoigner
autre chose
sans être sûr
d'un regard
au-delà du regard
Dans ces suées du ciel
exténué
pleurer
ceux que l’on oublie parfois
et qui pourtant nous ont portés
vers la liberté
les livres d’histoire parlent
encore un peu
de
Gandhi
pas même de quelques autres
ceux qui ont tenté
que l’on a exterminés
le livre muet
Makhno
qui s’en souvient encore
Dans l'oeil du ciel
retenir
tous ceux
déportés hier
et qui semblent
pour certains
si lointains
cueillir
ceux qui se déportent
aujourd’hui
pour fuir la guerre
dans l’incertitude
la misère
et dont on entend pas même
la
voix
Où donc s’en est allée l’Histoire ?
Alors
non
je ne peux pas
entendre l'écho
de ces traces
fossiles
abreuver un champ
d’un sang
qui n’est pas moins pur
que le mien
ces champs
qui ne demandent
qu’à laisser
la plus petite
des brindilles
être
et
grandir
Anne
Parce que je ne peux pas plus entendre cette dernière strophe du poème de Kipling If, comme un écho ici