L’être à genoux…
L’âge mûr, bronze, 1898, Camille Claudel, photo prise au musée Rodin.
Non cette femme qui voudrait retenir la vie et prie pour que l’être aimé ne disparaisse pas.
Non cet homme, les yeux perçant le ciel, qui refuse le visage soudain de la souffrance et de la mort.
Ni cette femme, ou cet homme, qui s’écroule, acceptant l’humiliation, pourvu que son tortionnaire l’épargne.
Guère plus l’homme arrêté dans sa marche qui, succombant à la beauté de ce qu’il voit, se laisse tomber de tout le poids de sa vie.
Ni cette femme, à hauteur d’enfant, joyeusement suspendue au souffle de son petit.
Ce soir, je voudrais dire l’être à genoux, les rotules ancrées dans la terre ou le sable pour remercier la vie. Un être qui ressent le minéral et sait la souffrance de chacun. Un être libéré de tout, qui ose s’unir à la matière pour entendre la fragilité de l’humanité. Un homme, une femme qui accueille les rires et les pleurs pour les offrir à la force de la vie.
Ce soir, je voudrais dire cet élan-là d’un être à genoux, les mains tendues vers notre humanité.
Anne Le Sonneur